J’ai eu récemment un retour d’un client assez désemparé, qui me disait ne pas comprendre que sa vie n’avance pas assez vite, dans le sens qu’il souhaitait, et ce malgré tout le travail sur lui qu’il effectuait.

Le bien-être, illusion versus réalité

  • Thérapie, coaching, développement personnel, … la liste de toutes ces possibilités qui s’offrent à nous depuis quelques années s’allonge au fil du temps et nous laisse souvent à penser que l’accès au bonheur comporte un mode opératoire, voire qu’en s’y conformant via un thérapeute ou un coach, nous pourrions y accéder de plein droit.
  • En 20 ans j’ai exploré de nombreuses thérapies, utilisé des outils divers et variés, certains me procurant une ivresse immédiate et le sentiment d’avoir repris ma vie en main. D’autres me laissant au mieux dans un état de détente pour la journée. Je suis allée rencontrer mes vies antérieures, j’ai déprogrammé des mémoires, nettoyé l’héritage de ma psychogénéalogie. J’ai découvert mes « drivers », rééquilibré mes chakras, reconnecté mes circuits.
  • Bref. J’arrête là, ma liste serait bien trop longue et fastidieuse. Bilan ?

Entendre ce qu’on ne veut pas voir

Depuis février et l’épisode de la grippe, je suis passée par des phases dans lesquelles j’ai été un peu perdue.

  • Ce que j’avais conclu de ce passage à vide, c’était qu’il était bon d’arrêter de chercher justement, et de commencer par m’accepter telle que je suis, avec mes casseroles et mes zones d’ombres.
  • Je suis en plein dedans. C’est un processus nouveau et déroutant, car ce n’est pas toujours évident de se confronter au fait d’arrêter de vouloir se voir changer. Et au contraire d’arriver à bien vivre avec ce que je n’aime pas chez moi.
  • Pas facile de lâcher une habitude prise pendant 20 ans de se faire aider, avec l’envie de « faire un travail sur soi », de « cheminer », « d’avancer sur le chemin »,…
  • Cela fait donc plus d’un mois que je joue avec l’idée d’être simplement là, comme ça, de vivre avec moi telle que je suis en l’état. Deux mois que je découvre également que toutes ces expressions liées au fait d’avancer réduisent aussi de fait à néant le concept même d’être présent ici et maintenant.
  • Derrière la dynamique de vouloir « aller mieux » ou encore « être bien », se cache souvent une promesse déguisée d’un état de bien-être ultime que nous pourrions atteindre. Un nirvana dans lequel une fois installé après toutes ces années de travail sur nous, nous pourrions enfin « être heureux » ou encore « accéder au bonheur ».

Avec le recul je commence doucement à voir émerger un avis, le mien, donc loin d’être une vérité universelle.

  • Je pense que travailler sur soi a été pour moi une étape de vie essentielle. Tel un petit enfant qui découvre son reflet pour la 1ère fois dans un miroir, ce processus est d’une richesse incroyable. J’ai ainsi pu faire connaissance avec mes peurs, celle de l’abandon par exemple, qui est activée derrière de nombreux comportements.
  • J’ai découvert les vertus du pardon. J’ai appris à reconnaître que parfois mes peurs étaient aux commandes de ma vie et d’importantes prises de décision.
  • Avec le temps j’ai compris que nous vivions tous avec un panel d’émotions contraires, dont j’ai compris les causes, les activations, et pourtant qu’il sera toujours impossible de contrôler. Nous sommes et serons toujours des êtres traversés par des émotions, de joie, de tristesse, de peur,…
  • En tant que simples matières énergétiques faites d’atomes (merci les découvertes de la physique quantique), nous vivons au rythme des saisons, du temps, tels un baromètre : une alternance de pluie et de soleil.
  • Il est donc illusoire d’imaginer qu’un thérapeute ou 20 ans de travail sur soi vont m’amener à contrôler ce qui me dérange chez moi afin de ne vivre que le bon et ce tous les jours, et ainsi faire de moi le maitre universel de ma vie. Cela reviendrait à nous octroyer un pouvoir quasi divin que nous n’avons pas, et à nier le propre de l’existence et de la vie, au diapason avec le rythme universel.
  • Faire un travail sur soi en imaginant des lendemains qui chantent est donc une illusion qui s’avèrera inévitablement douloureuse.

Arrêter de chercher à vouloir me transformer

  • Et au contraire essayer de vivre avec ce que je suis en l’état m’a obligé à revenir encore plus au présent, aux sources de bonheur à trouver dans les choses du quotidien. Encore une fois.
  • Se découvrir permet de s’accepter chaque jour, seul face à soi même, avec les comportements et réactions qu’on aime moins et avec ceux qui nous font un bien fou. Chausser les lunettes de la clairvoyance sur soi amène de fait à les chausser partout. Sur tout.
  • A voir les choses telles qu’elles sont et non telles qu’on aimerait qu’elles soient.  A voir que en tant que matière énergétique pure, nous sommes tous en mouvement, nous avons tous la possibilité à chaque instant de voir le verre à moitié plein plutôt que de le voir à moité vide.

L’envie d’évoluer est bien souvent associée de près ou de loin à une projection – fantasmée – de soi.

  • Nous aspirons au changement car nous souhaitons atteindre un nouveau nous, qui correspond à une image de nous-même que nous avons nourrie quelque part au fil des années.
  • Évoluer cependant se fait, naturellement. A travers les rencontres, les épreuves, les mouvements que nous acceptons dans notre vie. L’évolution est un processus inscrit dans nos gênes d’êtres humains.
  • Donc plutôt que de passer du temps et de l’énergie à chercher une nouvelle forme à ma vie, je préfère vivre en paix avec celle que j’ai aujourd’hui. En sachant qu’elle n’est pas figée. Bien au contraire.
  • Car comme dit l’hexagramme 32 du Yi Jing, « la seule chose qui ne changera jamais c’est que tout change toujours tout le temps ».
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