Connaissez-vous les « lieux de nuit » ?
Je ne parle pas des lieux de vie nocturnes. Je parle de ces lieux qui ne vivent que la nuit. Car ils n’existent que la nuit. Je parle de ces lieux qui ne peuvent vivre que la nuit, car ils prennent seulement forme la nuit. Dans nos rêves.
Maisons de nos enfances, lieux de vie antérieurs, lieux de vie rêvés et futurs, bienvenue dans le monde des maisons « oniriques ».
J’ai pris conscience ce matin que depuis des années, je faisais toujours le même rêve. Pas toutes les nuits certes, mais suffisamment souvent pour que j’ai envie d’aller explorer leur signification.
À chacun de ces voyages nocturnes, c’est le même scénario : je visite un lieu, je déambule dedans. C’est toujours mon lieu de vie. Parfois c’est d’ailleurs un lieu que je connais et qui est devenu le mien. À chaque fois je fais le tour de pièces que je connais, et là, surprise, au détour d’un couloir, derrière une porte nouvelle, c’est la même découverte.
La porte, l’escalier, le couloir…s’ouvre sur une partie que je ne connais pas. C’est toujours immense. Parfois une pièce centrale circulaire. Souvent plusieurs pièces nouvelles, liées par des étages, des escaliers. Les variantes sont multiples mais le fil conducteur est le même : plus grand que prévu, plus vaste et ironiquement souvent beaucoup plus luxueux que la partie que je connais et occupe. Et comme souvent, cette extension inattendue me fait un peu peur car j’avais le sentiment que je vais m’y perdre. À chaque fois je me demande comment je vais aménager, je me dis que c’est trop grand, que je n’en ai pas besoin.
La nuit dernière, veille de rentrée, même chose. Alors aujourd’hui pour la première fois j’ai cherché des réponses, car j’avais découvert dans les écrits de Carl Jung, les correspondances entre corps et lieu. La cave c’est l’inconscient, les greniers les rêves et fantasmes (en résumé grossier).
Gaston Bachelard dans La poétique de l’Espace propose cette lecture : « L’immensité est en nous. Elle est attachée à une sorte d’expansion d’être que la vie réfrène, que la prudence arrête, mais qui reprend dans la solitude. Dès que nous sommes immobiles, nous sommes ailleurs ; nous rêvons dans un monde immense. L’immensité est le mouvement de l’homme immobile. L’immensité est un des caractères dynamiques de la rêverie tranquille. […] La grandeur progresse dans le monde à mesure que l’intimité s’approfondit. […] Quand il vit vraiment le mot immense, le rêveur se voit libéré de ses soucis, de ses pensées, libéré de ses rêves. IL n’est plus enfermé dans son poids. Il n’est plus prisonnier de son propre être. »
Je serai curieuse de savoir ce que tout ça vous inspire. Si ça vous est aussi arrivé. Ou avec des variantes ?