Depuis mars dernier, j’oscille entre patience et impatience. Tout n’est qu’attente, pour nous tous, mon plan individuel venant danser avec le plan collectif. L’incertitude est devenue notre seule valeur sure, paradoxalement la seule certitude sur laquelle on sait pouvoir compter. Nous apprenons désormais à faire des projets et des plans qui doivent pouvoir évoluer vite, se transformer, ou s’annuler, et ce en quelques heures.
Pour moi qui aimais tant prévoir et organiser, cette année est l’expérience la plus transformatrice que je vis. Je réajuste les projets prévus dans les lieux publics, pour leur donner une nouvelle dimension dans des lieux privés. Je compose avec un lieu qui m’abrite et me nourrit temporairement, dans le dépouillement de mes souvenirs, de mes livres, de mon jardin et de mes plantes, ma vie « matérielle » se trouvant dans un garde-meubles. A l’image du monde je vis, comme nous tous, une tranche de vie décapante. Et pourtant… Si il y a quelque chose qui est toujours avec moi, quelque soit le cadre de vie, de travail, ou la période, c’est mon intérieur. Mon soi intime, mon socle profond. La partie de moi qui sait que tout ceci est profondément juste, que cette année a un sens pour tous et pour chacun. Car quelque soit le lieu, le moment, je sais que depuis toujours, je peux fermer les yeux et me voir dans mon futur cadre de vie. Je peux me projeter sur d’autres formules de création, je peux sentir ce qui bloque et où ça bloque. Chez soi et en soi. J’entends et perçois ce que je dois faire pour aider ce Lieu à soutenir ceux qui l’occupent, et non l’inverse.
Imaginer l’inimaginable… Depuis aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai cette option qui s’active naturellement. Construire des scénarios à l’infini, quel que soit le sujet, pour moi ou pour d’autres est, et a toujours été, une mécanique évidente. J’active le bon canal de mon cerveau et la machine se met en route. J’imagine, souvent avec un certain degré de folie, car il en faut pour transcender les frontières et les limites de nos idées reçues. Seule ou accompagnée des clients qui souhaitent embarquer à bord du navire qui leur permet de trouver leur nouveau lieu, leur nouvelle voie, je vais loin, parfois trop (et alors ?). Je navigue toujours dans les méandres de nos cerveaux avec passion et avec pour objectif de débloquer ce qui doit l’être et de ramener l’autre là où il se sent à sa place et s’épanouit.
Aujourd’hui, tout est toujours possible. Créer un métier qui n’existe pas, innovant et qui s’inspire de la crise sanitaire, en intégrant l’apprentissage du Feng Shui, discipline âgée de 5000 ans. Trouver son futur lieu pour changer de vie et venir y implanter son activité, en intégrant les nouvelles données de ce monde teinté du Covid. Enfin résoudre l’énigme de ce qui bloque dans une vie en intervenant sur l’énergie du Lieu, miroir du Soi, oui c’est possible aussi.
Imaginer l’inimaginable est plus que jamais l’impulsion que je sens s’imposer à moi, à nous. Elle nous demande de dépasser les peurs ambiantes, et d’utiliser toutes nos compétences pour mettre au monde ce qu’on sent être une évidence. Cette voie de réinvention en pleine crise est possible car j’utilise deux compétences en simultané, chez moi et chez l’autre : mental et intuition. L’intuition, cette force qui sait et est guidée par l’amour. Le mental, ce pilote qui a tendance à prévoir et à planifier, en laissant une place importante à l’anticipation des risques, et donc la peur. Je ne les oppose pas. Au contraire, je les réconcilie. Et je transmets cet apprentissage autour de moi. Car notre monde est un subtil et savoureux mélange d’hommes et femmes ayant tous deux cerveaux. Deux potentiels complémentaires. Qui ne demandent qu’à être réunis pour accéder au plus juste de nos projets.
Ainsi on peut apprendre à utiliser intelligemment les informations que l’on reçoit avant qu’un évènement ne se produise, ces « intuitions », celles qui vous poussent à ne pas faire certaines choses que pourtant tout le monde vous invite à faire avec raison. Tout autant de canaux utilisés par le cerveau droit, aussi valorisables et puissants que ceux du cerveau gauche. Car j’ai expérimenté à quel point idée et intuition sont sœurs jumelles. Lors des décryptages de Lieux, ou des quêtes de Lieux par exemple, aidée par les informations tangibles, ce sont bien ces deux polarités qui guident mon travail.
De l’imagination nait ensuite l’envie de donner une forme. Une matière. Une texture. Du concret et du tangible. Quelque chose à voir et à toucher. Car les plus cartésiens, dont je fais partie à 50%, diront en effet que l’intuition ne suffit pas à créer un projet. Certes. Le chemin n’est pas terminé si nous restons au stade de l’énergie véhiculée par l’intuition. Notre condition d’humains nous ramène indéfiniment à cette exigence quotidienne, de « produire » du concret. De passer du plan à la construction du Lieu. Et c’est là que notre cerveau gauche est un outil d’une puissance inouïe, qui organise, programme et planifie à merveille.
Alors en cette année totalement déroutante, et en ce lendemain d’annonces de couvre-feu, je crois encore plus que jamais que c’est le moment idéal de tirer les enseignements du chaos. Prendre comme point de départ notre intérieur, écouter la voix de ce Soi intime qui sait ce qu’il peut apporter comme contribution autour de lui, ce dont le monde a besoin aujourd’hui et demain. Et pour permettre de déployer ces nouvelles voies, il faut d’abord stabiliser son intérieur. Bien choisir sa base, son ancrage, son Lieu. Avoir les pieds sur terre, solidement ancrés dans un Lieu dont l’énergie nous soutient pour ce déploiement. Cette crise qui nous ramène régulièrement à l’intérieur de nos lieux, à l’intérieur de nos êtres : c’est le moment rêvé pour créer ou transformer nos lieux en des espaces de vie et de travail refuges, innovants et à notre image. Un miroir juste de ce que nous sommes venus inspirer et créer pour une suite à cette période de remous. Une base intérieure puissante pour propulser notre vision vers l’extérieur.
« La chute n’est pas un échec. L’échec c’est de rester là où on est tombé. » Socrate